Commande de l’entreprise «Les Terres Cuites d’Aizenay» (2000)

Entre la Roche sur Yon et Aizenay


photos prisent le 10-03-2010 © Robinvil

Gérard Robinvil

Texte de Pierre Giquel (revue 303 / n°78 )


Parcours singulier que celui de l'artiste Gérard Robinvil, né en 1951 et qui vit en Vendée.

A 14 ans, il est maçon, mais son regard s'est porté vers les beaux -arts (considérés par ses proches comme le mal).

Curieusement, au fil des ans, il s'intéresse à la peinture, fréquente avec avidité les galeries vendéennes pour avec le temps commencer un véritable travail de recherche, grandissant avec des références de plus en plus contemporaines. Malraux n'a t-il pas déclaré : « l'homme de l'avenir est un autodidacte aidé » ?

Depuis 1981, la pratique du dessin et de la peinture est constante.


Un début de reconnaissance voit le jour, il expose. La ville de Poiré-sur-Vie lui commande une fontaine monumentale, inaugurée en 1987.

Il s'agit d'une céramique où sont représentés deux oiseaux.

Il s'installe par la suite dans un atelier puis suit à Paris un stage d'images de synthèse.

Très tôt, il intègre la notion d'interactivité dans a pratique, autant avec le dessin que par la suite à travers ses vidéos.

En 1990, des dessins apparaissent comme des séquences, ou des projections. Ainsi, un dessin par jour surgit pendant quatre-vingt-un jours.


Le spectateur doit à son tour réaliser un parcours, d'où cette question lancinante de l’interactivité.

Le dessin est le lieu prolixe où peuvent s'exprimer toutes les extravagances , toutes les audaces.

Le corps, l'écriture, nerveusement, logent leurs énergies.


La vidéo viendra comme en écho à cette recherche, appréciée pour la faculté qu'elle a d'attraper la lumière et de s'organiser selon une trame particulière. Robinvil travaillera ainsi avec la vitesse. L'entreprise Terre cuite d'Aizenay lui passe commande; l'inauguration a eu lieu le 14 juin dernier.

Il s'agissait d'intervenir dans le paysage entre Aizenay et la Roche sur Yon, devant la briqueterie, au cœur d'une zone artisanale.

La photographie est le médium qu'a retenu l'artiste, mais ce qui fait ici image, au bord de l'autoroute, rappelle le tableau comme l'image vidéo.


Sur 12 mètres de longueur et 3 mètres de hauteur, trois images se font écho (créant une séquence), triptyque énigmatique avec en son centre le fragment d'une main tendue, référence fugitive au travail des mains, invitation également au regard à se poser sur une humanité.

Gérard Robinvil a réalisé par ailleurs une vidéo, «One Day», où le traitement de l’image se révèle très efficace. Les accélérations comme les ralentis qu’il expérimente produisent des effets de matière, d’écrasement, qui avec le son, en léger décalage avec les images son l’écho des recherches sur le dessin et la peinture, la main entrevue sur l’autoroute signalant une présence, celle de l’artiste qui nous dit avec une grande modestie : « Je peux construire un mur de pierres partout dans le monde.»

«Séquence 1, Séquence 2

12,23m x 2,70m x 2,50m

(terre, peinture, bois, photo, briques)

2000-2003